Les promesses de changements

Le nouveau cadre mondial sur la biodiversité de Kunming-Montréal a été adopté dans la nuit du 19 décembre 2022 à Montréal. Les délégués de 196 pays ont adopté de grands objectifs, dont l’arrêt du déclin de la biodiversité et le renversement de la tendance dès 2030, et plusieurs cibles pour atteindre ces objectifs.

Notamment, d’ici 2030, 30% d’aires protégées, la restauration de 30% des écosystèmes dégradés et des investissements annuels de 30 milliards $ des pays développés vers les pays en développement. Par contre, beaucoup de cibles restent floues, non chiffrées et peu mesurables. C’était déjà le principal problème des précédentes cibles d’Aïchi pour 2020, en plus du manque de financement.

Voici ma 4e et dernière capsule sur la biodiversité et la COP15 (les quatre capsules se retrouve ici). Je n’y fais pas une analyse du cadre mondial. Je poursuis la réflexion des capsules précédentes sur les fausses pistes de solution. Pour la suite, on se retrouvera au moment de la publication de mon bédéreportage chez Journalisme9. Vous pouvez suivre l’évolution du projet en me suivant sur Instagram.

Capsule en BD sur la COP15 de Montréal et la biodiversité
Capsule en BD sur la COP15 de Montréal et la biodiversité. Cible de 30% d'aires protégées au Québec et au Canada.
Capsule en BD sur l'objectif de freiner le déclin de la biodiversité et de la rétablir pour 2030.
Capsule en BD sur la COP15 de Montréal et la biodiversité, et sur le nouveau terme «nature positive»
Capsule en BD sur la COP15 de Montréal et la biodiversité: les critiques de l'approche «nature positive»
Capsule en BD sur la COP15 de Montréal et la biodiversité: les critiques de l'approche «nature positive»
Capsule en BD sur la COP15 de Montréal et la biodiversité: les critiques de l'approche «nature positive»
Capsule en BD sur la COP15 de Montréal et la biodiversité: les critiques de l'approche «nature positive» et la restauration.
Capsule en BD sur la COP15 de Montréal et la biodiversité: les critiques de l'approche «nature positive» et la présence des lobbys économiques lors des négociations de la COP15
Capsule en BD sur la COP15 de Montréal et la biodiversité: quels objectifs?

Compléments

Voici quelques éléments clés du cadre mondial adopté, en lien avec la capsule:

  • Le terme «nature positive» n’a finalement pas été retenu dans le texte du cadre mondial, malgré son omniprésence à des kiosques, dans les discussions et lors des conférences de presse à la COP15 au Palais des congrès de Montréal. Son essence est toutefois présente dans plusieurs sections du texte du cadre mondial.
  • Il y a bel et bien une cible chiffrée pour la restauration de 30 % d’écosystèmes d’ici 2030.
  • L’objectif pour stopper et renverser le déclin de la biodiversité et la destruction des écosystèmes est toutefois moins clair et non chiffré. Il est même moins précis que la cible d’Aïchi pour 2020:
    • Aïchi, cible 5: «D’ici à 2020, le rythme d’appauvrissement de tous les habitats naturels, y compris les forêts, est réduit de moitié au moins et si possible ramené à près de zéro, et la dégradation et la fragmentation des habitats sont sensiblement réduites.»
    • Nouveau cadre mondial, section F, mission 2030: «To take urgent action to halt and reverse biodiversity loss to put nature on a path to recovery […]» On comprend que l’objectif est de le ramener à zéro, mais il n’y a aucune cibles mesurables incluses dans l’objectif.

Il y a quelques autres cibles chiffrées, mais une majorité de cibles floues dont celles visant des usages «durables» des ressources et du territoires. Même les 30 % d’aires protégées peuvent faire l’objet d’un usage «durable» en respect avec la mission de conservation de ces aires. Qui déterminera et fera le suivi de ce qui est réellement «durable»? Nous avons par exemple au Québec une Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier, mais nous sommes loin de la coupe aux lèvres en terme de durabilité de la foresterie québécoise. La situation du Caribou forestier en est un malheureux exemple.

Finalement, le cadre mondial n’a pas retenu de cible claire et chiffrée pour s’attaquer aux causes sous-jacentes du déclin de la biodiversité, en transformant notre économie pour réduire la production et la consommation. La COP15 a été l’occasion de réfléchir à ces causes sous-jacentes, notamment en marge de L‘Engagement de Montréal, mais ces réflexions ne se retrouvent pas dans le cadre mondial.

J’ai aussi participé à une discussion en direct de la dernière journée de la COP15 sur Instagram avec Les Lucioles, le balado de deux biologistes-chercheures de l’Université de Montréal. C’est possible d’aller l’écouter en rediffusion.

Références