Une BD en étapes

Choisir ses outils

On m’approche souvent pour de nouvelles collaborations enthousiasmantes. Mais, souvent, ces nouveaux collaborateurs et collaboratrices sont peu familiers avec le processus créatif d’une illustration ou d’une bande dessinée.

Voici donc un bref aperçu de mon processus créatif et de mes étapes de travail.

1) Définir le message, l’angle et le public cible

Avant même de commencer à dessiner il faut se demander à qui on s’adresse, quel message on veut transmettre et comment on veut le transmettre.

La BD est un formidable médium qui peut nous transporter dans toutes sortes d’univers. Le texte et l’image se complètent de manière bien appuyer le message.

  • Toutefois, une page de BD peut rarement transmettre la même quantité d’information qu’une page de texte.
  • Pour un format court (une ou quelques pages), il faut donc bien cerner un ou deux messages principaux.
  • Il faut aussi être conscient du style de l’artiste, tant pour la dessin que pour la narration. C’est pourquoi il faut bien consulter son portfolio.

2) Le scénario

Une fois le message bien défini, on peut le découper sous forme de texte. En fiction, mes scénarios sont souvent beaucoup plus brefs et prennent davantage la forme d’un synopsis (court paragraphe qui résume l’histoire).

Pour des projets de documentaires ou de vulgarisation scientifique, il est primordial d’avoir un bon plan et un bon scénario. Quand le nombre de pages est limité, je dois bien choisir quelles sont les informations les plus pertinentes qui supportent le message à transmettre. Ça me permet aussi d’évaluer si le nombre de pages est adéquat pour la quantité d’information à véhiculée.

Exemple:

Page 1

  • Vous l’ignorez peut-être, les poissons ont des personnalités;
  • C’est ce qu’Emmanuelle a constaté, même si ce n’était pas au départ le sujet de son doctorat;
  • Elle étudiait au départ l’importance des cachettes dans la vie de l’Achigan à petite bouche;
  • Pourquoi les cachette sont importantes? Est-ce que les poissons stressés se calment plus vite quand ils peuvent se cacher?
  • Elle a réalisé une expérience pour répondre à la question.

Page 2

  • etc…

3) Les esquisses ou le scénarimage

C’est maintenant le moment de dessiner! Mais comme on est encore à la recherche du meilleur concept, le dessin est très brouillon. Il s’agit d’esquisser ses idées sur papier. En BD, il s’agit de découper le récit en plusieurs séquences qui s’imbriquent les unes avec les autres.

***C’est à cette étape qu’on peut discuter, débattre du meilleur concept, le remettre en question et faire des modifications majeures. Le dessin est très brouillon, justement car il risque de changer. Ça ne sert donc à rien de passer beaucoup de temps à peaufiner le trait.

4) Le crayonné

Une fois qu’on s’est entendus sur le concept et le récit, je procède au crayonné. Il s’agit d’un dessin beaucoup plus travaillé, mais qui demeure un peu brouillon.

À cette étape, il est encore temps de faire de petits ajustements: corriger des erreurs factuelles ou modifier légèrement les textes, tout en respectant l’espace alloué aux textes (on ne peut pas remplacer une phrase de 8 mots par une phrases de 15 mots sans modifier le dessin ou la composition de la page).

5) L’encrage

C’est maintenant le temps de tracer le trait définitif, que ce soit à l’encre ou à la mine. Normalement, à cette étape, il n’y a pas vraiment lieu d’y avoir de modifications, majeures ou mineures. Toutefois, c’est le moment de faire la révision linguistique.

6) Coloration

S’il y a lieu, la coloration est la dernière étape (que ce soit avec des teintes de gris ou des couleurs, numériquement ou avec de l’aquarelle, des feutres, etc.).

(Vous pouvez lire cette BD ici).

Voilà, vous en savez un peu plus sur mes étapes de travail! Évidemment, elles varient un peu selon les projets,  selon si je travaille seul ou avec des collaborateurs, selon les formats et médiums choisis.  Mais le plus important à retenir, pour les projets documentaires ou de vulgarisation est de bien définir le message, de bien réfléchir en amont du projet le plus possible, donc à l’étape de la scénarisation, des esquisses et du scénarimage. Il est toujours possible de revenir arrière, mais c’est un peu comme recommencer un nouveau projet.

En complément, je vous invite fortement à consulter le guide Comment travailleur avec un•e illustrateur•trice, conçu par Illustration Québec.

Au plaisir de discuter avec d’autres auteurs et autrices de leur méthode de travail. Ou de collaborer avec vous sur votre projet!